Publié par Jean Eymar le lun, 08/01/2024 - 08:10
Cette année débute dans les Alpes du Sud par la relance du débat autour des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de 2030 après les manifestations de samedi dernier contre les J.O. qui ont réunies 250 personnes à travers les Alpes (une centaine dans les Hautes-Alpes) mais aussi à la faveur d'un article de la Provence Lire ICI
Dans cet article Maurice Fortoul explique l'opposition sur ce dossier entre les deux frères Passeron:
- Stéphane d'une part, ancien athlète de haut-niveau et ancien membre de l'équipe de France de Ski de fond domicilié dans le Champsaur qui à lui (presque) seul a réussi le tour de force de lancer un collectif d'opposant à l'organisation des Jeux: "Non aux JO dans les Alpes".
- Jean-Marc d'autre part, créateur D!CI TV devenue BFM DICI, Alpes 1, créateur de ce site et de Like Radio ex D!CI radio, porteur de la candidature aux J.O. de Gap puis Pelvoux pour 2018 et qui a relancé le dossier il y a deux ans sous l'égide de la région Provence-Alpes Côte d'Azur.
Voici notre vision forcément subjective de ce face à face pour le moins insolite !
Tous ceux qui suivent de prés la vie publique s'en étonnent ou s'en amusent...
Le sujet des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 est incarné dans les Alpes du Sud par deux frères mais pas exactement avec la même vision des choses, et c'est le moins que l'on puisse dire!
D'un côté Stéphane, 55 ans
Voilà d'un côté Stéphane Passeron, ancien athlète de haut-niveau et ancien membre de l'équipe de France de Ski de fond domicilié à Champoléon dans le Champsaur qui à lui (presque) seul a réussi le tour de force de lancer un collectif d'opposant à l'organisation des Jeux: "Non aux JO dans les Alpes".
En l'espace de quelques jours son point de vue a été repris et diffusé par quasiment tous les organes de presse de France. Pour lui eb parés l'annonce de la sélection de la France pour organiser les Jeux de 2030, "les Alpes sont en deuil". Son point de vue est en effet pour le moins radical. Pour lui et au regard du réchauffement climatique, il faut complètement revoir le fonctionnement de notre monde et opérer finalement une révolution. Et il a trouvé via les grands événements, une opportunité incroyable, une véritable aubaine, pour faire passer son message: "Non au rallye Monte Carlo, Non au Tour de France, Non aux J.O! "avec à chaque fois des media qui relayent le message par principe et car... toujours friands de négatif en lui laissant une exposition démesurée par rapport à ce que le mouvement, une poignée de personnes, en tout cas à ce jour.
Bien sur on peut se dire que les grands événements pèsent bien peu dans les causes du réchauffement climatique et ses conséquences et que beaucoup de sujets sont largement plus prioritaires . Mais peu importe, pour lui, c'est une occasion de rêve de faire passer son message pour changer le monde.
Quant aux J.O. d'hiver il dénonce des dégâts environnementaux qu'il n'y aura pas en l'état du dossier qui utilise des infrastructures provisoires ou existantes si ce n'est la construction, prévue à ce stade de 2 patinoires à Nice. Il pointe du doigt le coût des J.O. alors même que tout est financé par le privé (droits TV-, sponsors) ajoutant lorsqu'on lui dit, que le privé ferait mieux de mettre son argent dans autre chose...Il ajoute aussi le sujet de la flambée des prix de l'immobilier...argument fragile et il suffit de voir de l'autre côté du col du Montgenèvre après Turin 2006.
Pas un mot en revanche sur le bénéfice à tirer pour le territoire grâce à l'outil des jeux et la loi d'exception qui va être votée avec les investissement dans le train par exemple pour éviter l'accès routiers si polluant aux Alpes du Sud. Autant d'arguments qui prospèrent face à une démarche de candidature un peu "hors sol" ou "vieux monde" où, au regard de la vitesse du calendrier aussi, personne ou presque n'a été informé ni consulté. Et c'est sur ce point là que ces arguments d'opposition "font mouches" car la méthode est en effet bien peu contemporaine...
Aussi déterminé que son frère on va le voir, il ne lâchera rien peut-être un peu enfermé dans son combat mais aussi par principe. Tout ceux qui le croisent ont droit à leur dose d'arguments sur ce qu'il faut faire pour éviter l’effondrement de la planète... ce qui demeure un vrai sujet.
De l'autre Jean-Marc 56 ans
Face à Stéphane, son propre frère (!) Jean-Marc Passeron, champsaurin aussi, connu comme le loup blanc dans les Alpes du Sud et passionné comme son frère cadet par l'avenir des Alpes du Sud.
Lui est un homme de media avec pour lui aussi de belles réussites: Il a créé Alpes 1, il y a 30 ans , D!CI TV devenue BFM DICi il y a 10 ans ou encore par exemple Like Radio il y a 3 mois qu'il envisage de transmettre pour enfin faire autre chose que travailler.
Il a aussi touché un peu à la politique pendant 5 ans en devenant conseiller général et conseiller municipal de Gap. Las, son tempérament créatif et hyper actif lui ont fait confondre vitesse et précipitation d'autant, et on ne peut pas lui enlever la sincérité de sa démarche, qu'il a choisi de considérer que l'obtention des Jeux Olympiques pour les Alpes du Sud et les investissements qui devraient les accompagner était son projet central.
C'est devenu le fil rouge de sa vie allant même jusqu'à se présenter pour cette raison contre le maire de Gap qui venait de retirer la candidature pour les Jeux de 2018, que Jean-Marc Passeron avait bâti avec son prédécesseur Pierre Bernard-Reymond. C'est cette candidature et cette sincérité ou cet aveuglement qui mettront un terme à une bien courte carrière politique. Qu'à cela ne tienne, il rebondira toujours pour 2018, en conduisant la candidature symbolique de Pelvoux/ Briançonnais qui restera dans les mémoires pour sa vision de sobriété et écologique puisqu'il s'agissait de faire des Jeux exemplaires devenu le mot d'ordre aujourd'hui. Autant dire que la démarche était décalée à l'époque le CIO ayant enchainé par les choix de Sotchi et Pékin!
Pendant 17 ans il n'a jamais lâché l'affaire jusqu'à faire le siège de Renaud Muselier il y a deux ans pour qu'il engage la candidature de la région Provence-Alpes/ Côte d'Azur car une nouvelle fenêtre s'ouvrait. Étonnamment le président de la région s'est engagé quitte à assumer quelques moqueries. Résultat c'est parce qu'il y a eu cette première candidature que les Alpes du Sud vont devenir et pour la première fois un territoire Olympique.
Il savoure aujourd'hui le fait d'avoir obtenu enfin les Jeux dans les Hautes-Alpes et cache tant bien que mal sa déception: On est en effet assez loin bien loin du schéma initial où il rêvait de Jeux très compacts et simplement dans notre région. L’accélération du calendrier ( à l'origine c'est 2038 qui était visé) a bien changé la donne et il finit par expliquer que "c'est bien mieux que mieux que rien" semblant avaler un peu une couleuvre d'autant que sa vision idéaliste frise souvent la naïveté quant aux enjeux et aux capacités des décideurs à changer de logiciel...Il en est de même lorsqu'il rêve de voir chacun y compris les écologistes s'associer et contribuer à la démarche. Peu importe, "depuis l'annonce j'ai fait ce que j'avais à faire pour les Hautes-Alpes" dit-il envisageant de décrocher de tout et de prendre enfin du temps pour lui.
L'un et l'autre ne lâchent jamais rien
Et voici donc comment s'est fait jour un affrontement feutré entre deux frères, tous les deux très travailleurs, entre deux visions du monde si différentes autour de ces Jeux de 2030 avec pour tous les deux une sincérité, une pugnacité et une abnégation dans la démarche que personne ne saurait contester.
Seulement voilà, et c'est vrai pour les deux, il y a toile de fond un idéalisme et des attentes profondes qui dans le fonctionnement du monde actuel ne peuvent les conduire qu'à de la déception ou de la frustration.
Chez eux pas de faux-semblant ou si peu, il sont transparents sur leurs combats et détestent le cynisme ambiant et les calculs personnels. Ils n'ont peur de rien et sont prêts à prendre tous les risques... cela en est déroutant et pas vraiment rassurant pour ceux, la majorité, qui fonctionnent différemment.
On leur objecte souvent une démarche d'égo, mais c'est bien simplifier les choses puisqu'ils n'hésitant pas à assumer les moqueries, les critiques, les agressions et à remettre en cause leurs acquis y compris en terme d'image. Ils ont prêt à tout pour le fond et pour le challenge comme dans une compétition de vélo (qu'il ont beaucoup pratiqué tous les deux) où il faut gravir les cols, descendre, remonter, se mettre à l’abri du vent, sprinter, doubler, chuter, repartir... et gagner ou à minima arriver au bout.
Alors chacun s'amuse d'imaginer que doivent être les repas de famille et comment la maman arrive à gérer tout ça...: Étonnamment ça se passe bien explique Jean-Marc , "on évite tous les (nombreux) sujet qui fâchent".
Et si finalement ce caractère passionné était en fait complémentaire et utile?
Et s'ils avaient finalement tous des deux à leur manière, chacun dans leur combat, raison trop tôt ?
Comme dans une course de vélo, ils vont poursuivre leur quête comme le chantait Brel
Seulement voilà, cette quête n'a pas de finalité;
C'est l'impossible quête...