Il y a 80 ans Gap était libéré

Aujourd'hui encore, soixante-dix ans plus tard, la Libération, cette période de joie intense et de grande fierté, après quatre longues années d’Occupation, reste l'un des épisodes les plus marquants de l’histoire contemporaine de la France : ce sont onze mois qui ont littéralement changé le destin de notre pays, racontés par Pierre Lescure, avec la collaboration de l'historien Olivier Wieviorka.

La ville de Gap a été libérée le 20 août 1944 à 19 heures par Jean Drouot l’Hermine.
Juste après la libération de Gap, ce tacticien hors norme a été immédiatement promu Lieutenant-Colonel, et décoré par le Général de Lattre de Tassigny.

 

La Libération de Gap, 20 août 1944

« Dimanche 20 août 1944 ! ... Vers 15 h, un obus fumigène tombe près du Petit Séminaire de Charance, puis un second au-delà vers Chabanas, puis une salve sur le poste de Puymaure : c’est le signe de l’attaque prévue à Sisteron ! A la jumelle, nous voyons les soldats allemands descendre en courant. Les Américains tirent depuis le village de La Selle. Bientôt, toute une colonne de voitures et de chars descend la route de Veynes. Sur une voiture, un drapeau français ! …La colonne s’arrête au quartier de Sabbat, devant le pont du chemin de fer. Une seule voiture, avec un drapeau blanc, traverse d’abord Gap. L’abbé Paul Chevallier, qui montait à bicyclette, voit les Américains et redescend aussitôt en vitesse, criant à tue-tête : "Les Américains sont là ! …". Mais, déjà, les coups de canon ont convaincu les ennemis. Partout, aux fenêtres des deux lycées, apparaissent des linges blancs. Les engueulades des sous-officiers, les menaces…, ne peuvent arrêter les soldats qui se rendent, même devant des Maquisards. Seul, un groupe qui tente de fuir vers Briançon, engage le combat avec le groupe de Louis Boisramé, avant Pont-Sarrasin. Un autre groupe, dans une ferme située entre Romette et La Rochette, repère les Maquisards qui se sont ainsi dévoilés et le tir d’un fusil mitrailleur abat le chef Boisramé. Un monument en pierre, en forme de Croix de Lorraine, marque l’endroit de sa mort.

Les maquis entrent en ville. Les tout premiers libèrent les prisonniers enfermés à la Caserne Desmichels. Un groupe défile boulevard de la Liberté (devenu boulevard de la Libération), rencontrant sur la place de Verdun, devant le lycée, des soldats allemands qui gesticulent, joyeux, car ce sont des polonais qui cherchent à fraterniser. Un autre groupe file vers la Préfecture, avec l’intention de pendre le préfet Durocher aux grilles de sa préfecture. Heureusement, par la rue Ernest-Cézanne, les Américains les ont devancés. Durocher, bien que nommé par Vichy, était un vrai Résistant, que le général de Gaulle nommera gouverneur de Sarrebruck. Les officiers du Château-Girard et de Fons-Régina sont, sans ménagement, poussés vers la place de Verdun. Un vieil officier boiteux, qui ne marche pas assez vite, reçoit des coups de pied, c’est regrettable ! Quelques filles, accusées de faveurs pour les Allemands, sont tondues. Toute la nuit, on fête cette victoire non sanglante. Mais, dans la nuit aussi, les responsables de l’ordre et de la sécurité font partir vers Veynes les soldats prisonniers. A la Freissinouse, un tri sera fait et l’on verra, au matin du lundi, tout un groupe de soldats allemands revenir sur Gap en chantant. Ce sont les Polonais ! …

Au petit matin, aussi, la situation faillit basculer car la colonne allemande, accrochée à l’entrée du Valgaudemar, était parvenue au col de Manse. Mais, voyant venir à sa rencontre des chars américains, elle fit demi-tour, se faisant de nouveau accrocher à Pont-Haut. »

 

Extrait de l’ouvrage de Richard Duchamblo* (Père Joseph Richard*), qui fut prêtre et résistant dans les Hautes-Alpes.
 

« La mémoire est la sentinelle de l’esprit » (Shakespeare)

 

Les cérémonies ont lieu aujourd'hui