Publié par Jean Eymar le mar, 27/08/2024 - 08:20

Un mois après l'annonce de l'attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver aux Alpes Françaises en 2030.
Voici la situation en cette rentrée.
En résumé:
- Des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver en rupture avec ce que l'on a vu, les moins chers et les plus respectueux de l'environnement de toute l'histoire
- Une occasion unique d'obtenir les financements publics pour préparer l'avenir des Alpes du Sud (ferroviaire, logement etc...)
- Une opposition surréaliste de l'ultra-gauche qui profite de ce "haut-parleur" pour diffuser ses messages radicaux alors même que les vrais problèmes sont ailleurs
- La nécessité d'expliquer le projet aux populations et de mettre en place une gouvernance à même de susciter l'adhésion de tous
Et des questions
L'analyse :
24 juillet 2024 10h20: Ce moment restera dans l'histoire avec l'annonce par le CIO de l'attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de 2030 aux Alpes Françaises et de ceux de 2034 à Salt Lake City.
Le résultat d'une candidature montée dans un temps record et pù la France a été préférée en novembre 2023 à la Suisse (pressentie à présent pour 2038) et à la Suède.
Mais il y a une condition: Que le prochain Premier Ministre signe les lettres d'engagements (de caution) de la France qu'exige le CIO ce qui devrait être fait à la rentrée puisque Emmanuel Macron a mis tout son poids dans la balance jusqu'à venir à la 142è cession du CIO le 24 juillet à Paris. Nul doute qu'il demandera, avant d'annoncer son choix de premier ministre ,un engagement sur ce point. Quant aux votes qui suivront à l'Assemblée, cela risque d'être plus chahuté mais une majorité se dégage d'ores et déjà avec les positions favorables du RN, de LR, d’Ensemble et même des deux députés NFP des Hautes-Alpes. On aura d'ailleurs noté sur ce dossier une implication présidentielle très forte et un attentisme voire beaucoup de fébrilité du côté des services de l'État et de Gabriel Attal...
C'est surtout pour la région Sud/ Provence-Alpes-Côte d'Azur que ce moment restera historique puisque la région n'avait jamais accueillis les Jeux alors que les Alpes du Nord les ont organisés à 3 reprises. Et cela on le doit à Renaud Muselier qui a, avec intuition, suivi la proposition insistante de Jean-Marc Passeron il y a 3 ans de se porter candidats ce que le président de la Région Sud a fait à la surprise générale en annonçant la candidature de sa région en janvier 2022 sans rien lâcher depuis. Jean-Marc Passeron avait déjà planté les graines de cette ambition avec la candidature de Gap puis de Pelvoux-Briançonnais pour 2018. A l'origine ciblée pour 2038 pour des jeux 100% en PACA, la candidature s'est orientée vers 2030 en juillet 2023 sous les conseils du CIO et avec le blanc-seing du Président de la République Emmanuel Macron qui a demandé à l’ensemble des Alpes de se mettre d'accord .
C'est donc parce que la région Sud s'est lancée en 2022 que - et pour la première fois - elle s'est imposée sans quoi les Alpes du Nord auraient pu tout faire tout toutes seules, comme d'habitude...
Résultat un partage à 50/50 des épreuves et des retombées, le COJO à Lyon, la structure en charge des aménagements à Marseille et au bout un duo inattendu entre les deux présidents de région Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, redevenus les meilleurs amis du monde dans un contexte politique, suite à la dissolution, qui colle bien, heureux hasard, à l'air du temps et à la majorité de projets que cherche à constituer le Président de la République.
Alors bien entendu, pas d'épreuves reines (ski alpin, Biathlon etc.. ) dans les Alpes du Sud mais toutes les preuves de nouvelles glisses ( La Salle les Alpes - Serre Che et Montgenèvre) et un village Olympique à Briançon et bien entendu toute la glace et la cérémonie de clôture à Nice. À cela s’ajoute les disciplines additionnelles non-confirmées à ce jour mais qu'on espère voir organisées dans les Hautes-Alpes: Le ski alpinisme en Vallouise, le ski de vitesse à Vars voire d'autres encore comme le hockey à 3 sachant que par ailleurs la demande est faite d'intégrer le cyclo cross et le cross country dans les Jeux d'hiver.
Une opportunité formidable
"Mieux que mieux que rien" donc et une opportunité formidable pour les territoires alpins de la Région Sud :
-- Car le CIO va organiser à l’avenir une rotation sur les mêmes sites dans le monde (une dizaine) et que nous allons ainsi recevoir régulièrement les Jeux
-- Car si les exigences continuent à être revue à la baisse par soucis d'économies, nous pouvons aussi un jour organiser les Jeux simplement en région Sud (ou avec l'Oisans)
-- Car nous allons surtout pouvoir bénéficier, même si cela reste à confirmer, d'investissements que nous n'avons pas eu depuis 60 ans dans les Alpes du Sud , depuis la création du lac de Serre-Ponçon!
-- Amélioration de la desserte ferroviaire avec l’objectif de mettre Briançon à 3h30 de Marseille
-- Aménagement du Fort des Têtes à Briançon pour en faire un village Olympique puis des logements pour les saisonniers (sachant qu'à défaut de réussite, les athlètes seront au Club Med de Serre Che)
-- Amélioration de la desserte routière et de son impact sur l'environnement (Rocade de Gap, points noirs RN94, Lautaret, accès nord pas RN85...)
-- Réalisation d'un site d'entrainement pour les athlètes de haut-niveau au Sauze en Ubaye au Dahu (4000 m2 du CCAS) un peu à l'abandon
-- Création d'une 3è voie dans la vallée de Serre Che pour mettre en place une navette et désengorger la vallée de la Guisane
-- À cela s'ajoute la construction d'une nouvelle patinoire à Nice bien utile, l’actuelle étant plus qu'en fin de vie. C'est la seule construction pour les Jeux de 2030.
-- Et tant d'autres choses que nous n'aurions jamais eues sans l'outil que constitue l'obtention des Jeux même si l'échéance de 2030 et malheureusement très proche et grève l’ambition d'aménagement qu'on pouvait avoir doublé de la situation délicate du budget de l'État.
Il serait d'ailleurs de bon ton d'inscrire l'héritage des Jeux dans la durée , c'est à dire la préparation de la vie dans nos vallées demain, par exemple à l 'échéance 2040. C'est d'ailleurs ce qui s'est concrètement passé à la frontière pour les Jeux de Torino 2006 qui ont permis la tranchée couverte de Montgenèvre, la rénovation de l'hôpital de Briançon ou encore la réalisation des tunnels côté italien du Montgenèvre terminés bien après les Jeux de 2006.
Qui ne coute rien ou presque
Le plus étonnant et que peu de gens savent ( ou qu'il feignent de ne pas savoir s'ils sont opposants par principe), c'est que les JO ne coûtent quasiment rien ! En effet, tout ou presque est financé par le privé et en particulier par les Droits TV, les sponsors et la billetterie.
Seuls les Jeux Paralympiques demandent une participation collective et de l'argent public car il y a moins de recettes privées
Pour autant dans le dossier présenté, un déficit surprenant apparait pris en charge par l’État et les régions. Le montant surprend un peu et demanderait à être affiné et revue à la baisse en remettant en cause certaines exigences du CIO peu compatibles avec des Jeux sobres.
Ce qui coûte de l'argent public, ce sont les investissements durables , "en dur" , ce dont nous avons tant besoin, du logement des saisonniers au désenclavement.
Dans ce dossier, et même si ce n'est pas l'impression qu'il donne, tout est transparent et nous vous invitons à lire le dossier complet ICI
Alors bien entendu le dossier n'est pas parfait. Les Jeux s'étalent de la Haute-Savoie aux Alpes Maritimes et les athlètes sont séparés, les sites renommés choisis pour le ski de fond et le biathlon sont à basse altitude et risquent de focaliser les critiques mais c'est pour autant un projet en rupture avec le gigantisme que l'on a vu et ce sont des Jeux d'hiver à la montagne ce qui ne gâche rien !
Mais qui demande à être vite et enfin expliquée aux populations
Reste une urgence et des questions
L'urgence vise à faire ce que le rythme de ce dossier a empêché: Expliquer et consulter les populations concernées ce qui est naturel et contemporain puis générer une adhésion de toute la Région Sud puis de toute la France.
Le fait que le dossier soit porté par des politiques, et même si c'est injuste, et un point faible dans le "politique-bashing" ambiant, tout comme la verticalité de la méthode et sa gouvernance à "5 têtes" (CNOSF, le comité Paralympique, les 2 Régions et l' Etat) .
À ce stade; même si on constate évidement une adhésion du monde sportif (et de ceux qui ont le temps et l'envie de s'informer!), on peut parler d'une défiance dans une proportion presque majoritaire des habitants des Alpes du Sud inquiets de l'endettement et des dépenses que vont occasionner ces Jeux alors même (comme démontré ci-dessus) que ce n'est pas le cas: Il s'agit justement d'obtenir ce que ces populations réclament en vain depuis 40 ans ! ( désenclavement, logement, services publics etc..). Il est donc urgent non pas de communiquer mais d'expliquer les choses en toute transparence rappelant que le ski a encore de beaux jours devant lui. A cela s'ajoute à échelle nationale, non pas une petite musique mais un orchestre symphonique (!) sur le thème "il n'y aura plus de neige dans les Alpes", "le ski, c'est fini"! : C'est tout simplement faux et de nombreuses études le démontrent dont celle-ci où les experts dont Météo France font une projection à l'échéance 2050 qui confirme que nous n'avons aucun soucis à nous faire jusqu'en 2050 au dessus de 1800 m Lire ICI https://www.climsnow.com/
La suite dépendra de l’efficacité ou pas des politiques internationales de lutte contre le réchauffement climatique et on peut être en effet très inquiets...
Mais malgré ces faits (qui intègrent aussi l'évidence de ne plus investir à basse altitude dans le ski), le délire "plus de neige dans les Alpes" prospère dans les rédactions parisiennes, les ministères et dans l'opinion où on mélange tout: la météo et le climat, la fonte des glaciers, les débuts de saison toujours mal enneigés etc... jusqu'aux politiques caricaturaux à l'image de Sandrine Rousseau qui poste après l'annonce du 24 juillet : "il n'y aura plus de neige dans les Alpes en 2030" ) en donnant le sentiment de s'en satisfaire. C'est fou, c'est triste et c'est de l'irresponsabilité politique...
Quel manque de respect pour les montagnards dont elle n'évoque même pas ce que serait leur survie dans ce cas. Quel mensonge surtout.
Il faut dire que les ultra radicaux sont habitués du genre et faisant feu de tout bois promettant la fin du monde pour agréger derrière eux! Il fait chaud au Maroc= non aux JO, une coulée de boue (à cause de torrents que l'écologie empêche d'entretenir) = non aux JO! La Bérarde détruite comme tant de villages de haute montagne par une coulée= non au JO etc etc..
Et au plus c'est gros au plus ça passe pas... face à un raisonnement simple et rationnel:
- Bétonisation de la montagne: quel est le rapport avec les JO où rien de tel n'est prévu ? (cf le dossier complet ci-dessus)
- Piste de bob très chère à la Plagne: mais elle existe(!) et sa mise à jour ne coûte pas plus que l'entretien d'une piscine par les municipalités de France et de Navarre même si on pourrait cependant se poser la question du maintient de ces sports Olympiques comme le patinage de vitesse qui compliquent beaucoup les choses pour bien peu de licenciés
- Artificialisation des sols : mais où?
- Etc..
Tout cela est complété d'une polémique à l’intérêt bien limitée sur l'enneigement artificiel, l'eau transformée en neige revenant ensuite aux sols et les réserves d'eau nécessaires permettant aux agriculteurs de montagne d'avoir de l'eau l'été.
Bref du grand n'importe quoi mais qui d'une manière stupéfiante est repris dans les media trop contents de "se verdir" sans risque sans d'ailleurs vérifier ce que disent les opposants.
En résumé des opposants militants ont trouvé avec les Jeux, un porte-voix et l'occasion d'exister et de se faire entendre au mépris de la vérité agrégeant autour d'eux les poujadistes de tout poils qui au bout veulent une révolution. C'est tellement facile de fédérer sur de l'opposition...C'est tellement surréaliste de se battre contre des J.O. qui vont clairement dans le sens de la sobriété plutôt que de s'attaquer aux vrais enjeux: Les fuites de gaz à l'origine à 50/% du réchauffement climatique, l'abandon du fret ferroviaire une erreur d’État, les bouchons et la circulation si polluante sur l'A7 ou le périf parisien qui pollue chaque jour comme 10 Jeux Olympiques etc. On s'en prend donc au Jeux parce que "ça mousse facilement".
Le pire c'est que les opposants ne proposent aucun plan B pour maintenir la vie dans nos montagnes si dépendantes du tourisme sans lequel elles seraient désertifiées et en particulier les Alpes du Sud où tout dépend du ski et de la retenue de Serre-Ponçon qu'on ne pourrait d'ailleurs pas refaire aujourd'hui dans ce contexte délétère!
Et la caricature des "gros lourds de la montagne" incapables de préparer l'avenir se heurte à la réalité , celle du passé, et celle des directions prises (à accentuer) encore pour préparer la montagne de demain.
Il faut dire qu'il y a aussi un décalage immense entre l'image médiatique des Jeux et sa réalité concrète : Revenons sur terre dans les Hautes-Alpes on parle de 1250 athlètes !! Moins que la 1000 pattes de Montgenèvre, moins que les trails organisés chaque week-end ! Idem pour les spectateur comme par exemple 6000 à Serre Che : C'est strictement rien par rapport à un week-end de février dans nos montagnes où les gens malheureusement viennent quasiment tous en voiture!
Une demande de "consultation" des populations est aussi faite et c'est peut-être bien le seul point où je trouve un intérêt dans cette opposition. Il faut en effet le faire de partout dans chaque vallées, dans chaque villages, dans des réunions des foires ou des apéros s'il faut ! On remarquera alors, comme c'est le cas depuis des mois, que lorsque l'on explique le projet ; comme ici, tout le monde ou presque y adhère sauf bien entendu "les révolutionnaires" qui sont en fait des militants politiques. Il faut expliquer mais aussi écouter et s'enrichir de toutes les propositions et il va en falloir pour faire des Jeux en tous points exemplaires.
C'est un erreur de croire que comme pour Paris 2024 tout s'arrangera au moment des Jeux de 2030 grâce à leur succès espéré. On travaille ici sur la symbolique de la montagne et de la nature et cela change tout.
Il faut donc revoir la méthode pour que les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 soient l'ambition de tous même si l'utra-gauche demeurera sur des positions aussi, on l'a vu, inconséquentes soient-elles.
Ces Jeux sont un outil formidable ( et le seul) pour sortir du "ski bashing" ambiant.
Avec de nombreuses questions, et pas des moindres, "en l'air" dont la gouvernance
La question de la gouvernance va se traiter dans les semaines qui viennent et elle est évidemment essentielle. Si on a bien compris que la structure de pilotage des infrastructures (comme Solidéo pour Paris 2024) serait à Marseille (chez Renaud Muselier) et le COJO à Lyon (chez Laurent Wauquiez), reste à savoir qui est (ou sont) le ou les patrons de cette aventure, et encore plus après la démission de Laurent Wauquiez de la Présidence de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les hommes politiques sont aujourd'hui les porteurs avec le Comité Olympique et le Comité Paralympique et ils semblent vouloir conserver cette méthode ce que l'on peu comprendre d'autant que les Régions payent et qu'en théorie "qui paye décide".
Seulement voilà, la lourdeur de fonctionnement à 5 têtes semble peu fonctionnelle d'autant qu'il faut bien prendre conscience que nous allons devoir monter ce dossier dans une période électorale majeure: Élections municipales 2026, présidentielles 2027, régionales et départementales 2028!
Autant dire que le dossier sera l'otage des polémiques électorales inévitables et les propos des politiques qui le porte rendus inaudibles car suspects d’intérêts électoralistes. C'est un bien trop grand risque. Il faut protéger le dossier.
Pourtant l'exemple est sous nos yeux avec le choix de gouvernance (fait et réussi!) pour Paris 2024: un (ou 2) sportifs compétents aux manettes et les politiques et les financeurs derrière pour arbitrer.
En la matière Martin Fourcade apparait comme une évidence...mais aussi d'autre noms dans des registres différents (Société civile, environnement..)
Mais il y a d'autres questions concrètes à trancher: intégrer ou pas Val d'Isère pour le ski alpin comme le demande la commune et Jean-Claude Killy. Le dispositif est déjà bien étalé...mais la légitimité de "Val" est iincontestable même si elle présente un surcout conséquent.
A cela s'ajoute, l'externalisation du patinage de vitesse ( Pays-bas ou Italie?) ou encore l'imagination à avoir pour réussir 4 cérémonie d'ouverture et de clôture avec 4 pôles si éloignés ..
Et tant de choses à inventer
Cette attribution des Jeux de 2030 aux Alpes Françaises n'est en fait que le point de départ, tant reste à faire pour, comme l'a réussi Paris, surprendre et faire l'admiration du monde entier. Pour cela, nous avons peu de temps, très peu de temps...
- Chaque territoire des deux régions concernées, chaque stations, chaque ville ou village doit être dans le périmètre des Jeux et lancer ses propres initiatives, C'est l'ensemble des deux régions qui est Olympique.
- Outre le "monde de la montagne", toutes les composantes de la population doivent être associées et apporter leurs idées et participer à l'organisation: Des agriculteurs à la filière bois en passant par les syndicats, les scolaires... bref tout le monde doit sentir la porte garnde ouverte pour contribuer.
- Une grande politique sportive se doit d'être mise en place et notamment pour la détection en réconciliant les jeunes urbains avec la montagne.
Mais bien au delà de cela, l'heure est à la créativité pour sujet par sujet, détail par détail, inventer NOS JEUX, héritiers de valeurs humanistes universelles et inscrits pleinement dans ce que sera le monde en 2030 et donnant au monde entier une direction à suivre pour la vie demain en montagne sur les cinq continents.
Y a plus qu'à !
Jean-Marc Passeron