
Le communiqué de la préfecture
Face à la sur-occupation de ses locaux et arguant de risques en matière de sécurité, l’association « Les Terrasses Solidaires » a unilatéralement décidé dimanche de mettre un terme à son accueil, incitant l’ensemble des migrants à occuper la gare de Briançon.
Cette occupation d’un lieu public, de surcroît non adapté à l’hébergement des personnes, n’était pas admissible ; elle a pris fin hier soir, où les migrants ont été accueillis à l’église Sainte-Catherine.
Pour répondre aux besoins exprimés de quitter le Briançonnais, la préfecture a demandé à la SNCF de renforcer son offre de transports ce mardi matin. Plusieurs bus ont ainsi été mis à la disposition des voyageurs pour rejoindre les destinations habituelles. Seule une soixantaine de personnes a pris la route vers 13 heures.
« Nous regrettons que certains n’aient pas osé emprunter ces transports. D’aucuns, accréditant leurs peurs, ont jugé bon de les inciter à rester », regrette Martine CLAVEL, préfète des Hautes-Alpes. « Nous ne pouvons garantir, comme cela nous a été demandé, qu’ils ne subiront pas de contrôles sur l’ensemble de leur route migratoire, mais la France est une démocratie, un État de droit qui respecte l’intégrité des personnes et les libertés individuelles ».
Afin de limiter les flux de personnes qui franchissent la frontière sans en avoir le droit, des moyens supplémentaires ont été déployés pour renforcer la surveillance et les contrôles. Ce sont ainsi deux escadrons de gendarmerie mobile qui seront présents aux-côtés de la Police aux frontières dans les prochains jours.
La situation actuellement observée à Briançon est liée à un double phénomène : d’une part, au moment où la crise sanitaire est moins aiguë, la reprise des flux migratoires au travers l’Europe par la route des Balkans, avec un niveau se rapprochant de celui de 2019, d’autre part, l’accroissement de l’offre d’hébergement des « Terrasses Solidaires », offre bien identifiée des réseaux de passeurs.
Le Directeur Central de la Police aux Frontières sera présent demain aux côtés de la préfète des Hautes- Alpes. Ce déplacement, gage de l’attention portée par le niveau national à la situation briançonnaise actuelle, lui permettra de rencontrer les personnels de la DIDPAF, mais aussi d’apporter appui technique et conseils pour la meilleure gestion de la situation migratoire dans les jours et mois à venir.
Retour sur ces 2 derniers jours
les personnes exilées qui dormaient dans la gare de Briançon depuis dimanche soir ont été accueillies dans l'Eglise Sainte Catherine par le prêtre de Briançon et l'évêque de Gap et d'Embrun. C'est ce qu'indique le collectif Tous Migrants qui rappelle que " Refuges Solidaires a décidé le 24 octobre, le lendemain de son inauguration, d'arrêter momentanément et symboliquement son activité en raison de sa surpopulation et afin d'interpeller les autorités : la Préfecture, la Ville et l'Etat. Nous, citoyens et associations solidaires du briançonnais, exigeons la mise en place de solutions d'hébergements d'urgence complémentaires dans les plus brefs délais afin que le refuge puisse de nouveau accueillir les exilés dans de bonnes conditions. Depuis plus de 5 ans, l'accueil des exilés est exclusivement effectué par des bénévoles solidaires".
Deux escadrons de gendarmerie sont annoncés par ailleurs pour aujourd'hui.
le communiqué du rassemblement national
Communiqué de presse de Franck Allisio, vice-président du groupe RN au conseil régional
et de Louis Albrand, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Migrants à la gare de Briançon : la solution, c’est leur expulsion
Près de 200 migrants, quasiment tous des jeunes hommes, occupaient la gare de Briançon depuis dimanche avant d’être accueillis dans une église. Selon la préfecture, cette situation est causée par une association qui, en se donnant pour mission d’héberger tout immigré clandestin, a provoqué une augmentation des flux migratoires sur Briançon.
Cet évènement nous rappelle que la France est toujours soumise à une immigration massive totalement hors de contrôle. Des clandestins, aidés par des associations d’extrême gauche, forcent nos frontières et s’installent où bon leur semble, au mépris de nos lois. Quant à l’État, par manque de volonté, il se contente de laisser faire.
Répartir ces migrants dans tel ou tel département ou tel ou tel village ne fera qu’aggraver la situation, en incitant toujours plus de clandestins à violer nos frontières pour s’installer de force chez nous. La solution, c’est bien de les expulser systématiquement.
Franck ALLISIO
Louis ALBRAND
Ce que dit la préfecture
La gare de Briançon était occupée dimanche soir par 200 personnes environ, hébergées jusqu’alors dans un bâtiment géré par l’association « Les Terrasses Solidaires ».
En dehors de toute mission confiée par l’État, cette association s’est donné pour mission d’offrir un lieu d’accueil aux personnes ayant franchi illégalement la frontière de Montgenèvre. À la fermeture cet été du « Refuge Solidaire », elle a acquis un lieu doté d’une capacité d’accueil plus importante (81
personnes au titre de la réglementation sur les établissements recevant du public).
Cette offre, bien identifiée des réseaux de passeurs, a provoqué une augmentation des flux dépassant largement les capacités de l’association. Face à cette situation et arguant de risques en matière de sécurité, l’association Les Terrasses Solidaires a unilatéralement décidé de mettre un terme à son
accueil, incitant l’ensemble des occupants à occuper la gare.
Martine CLAVEL, préfète des Hautes-Alpes, rappelle « qu’une gare n’est pas un lieu d’hébergement et les risques encourus par les personnes ne sont pas moindres qu’aux « Terrasses », au contraire. Cettepolitique du fait accompli menée par les associations est destinée à faire pression sur les pouvoirs
publics, pour qu’ils se plient à leurs exigences, ce qui n’est pas acceptable ».
Aujourd’hui, une trentaine d’étrangers sans droit au séjour en France ont été interpellés au col de Montgenèvre en provenance d’Italie et repris en charge par les autorités italiennes. Parmi ceux qui occupaient la gare, plusieurs dizaines sont repartis, empruntant divers moyens de transport public.
Des moyens supplémentaires sont acheminés pour renforcer, aux-côtés de la Police aux frontières, la surveillance et les contrôles, afin d’éviter que de nouveaux migrants viennent grossir les rangs de ceuxqui occupent la gare. Ce sont ainsi deux escadrons de gendarmerie mobile qui seront présents dès
ce mardi matin.
L'evêque de Gap et Embrun s'en mêle : Son message
Samedi 23 octobre, j’ai passé la journée à Briançon, invité pour l’inauguration du nouveau refuge pour les réfugiés, les Terrasses Solidaires. Ce fut une joie … teintée de grande inquiétude, inquiétude qui s’est malheureusement révélée exacte. Que faire maintenant ? Et à Gap ?
Une joie.
Une joie devant ce beau projet qui a abouti grâce au dévouement incroyable des Briançonnais engagés dans le sauvetage des réfugiés qui passent par nos montagnes depuis 2015.
Après le non-renouvellement de la convention du Refuge Solidaire, installé depuis 5 ans dans le bas de la ville, tous se sont mobilisés, étant persuadés que de toute façon ce lieu ne répondait plus aux nouveaux besoins ; des familles avec jeunes enfants arrivant.
(NB : j’emploie le terme de réfugiés, pour regrouper sous un même vocable des migrants économiques (et beaucoup de Haut-Alpins l’ont été dans le passé, quittant leurs vallées, et des demandeurs d'asile ; ces derniers ne sont d’ailleurs pas en situation totalement illégale car même s’ils franchissent la frontière de manière illégale, ils ont le droit de demander l'asile.)
Une joie devant l’arrivée du soutien de grandes fondations nationales ; les Hauts-Alpins, les Briançonnais ne sont plus seuls mais se sentent soutenus. Une SCI, composée de fondations nationale (Fondation RIACE, Fondation ARCEAL, Fondation HEROBARA, Fondation de France, Foncière sociale Caritas Habitat, Emmaüs France) et d’une remarquable SCI locale (Terrassociés) composée d’habitants et de vacanciers (apport 1/3 du capital), a acheté un ancien sanatorium. En deux mois il a été mis aux normes sur 3 étages (il en reste 3 à mettre aux normes). Ces soutiens ont permis de se passer des aides de l’État pour l’achat et les travaux ; aide qui ne serait sans doute pas venu.
Une joie devant le projet global des Terrasses Solidaires : Ce n’est pas seulement un lieu d’accueil d’urgence, géré par les Terrasses Solidaire et soutenu par Médecins du Monde, par la PASS (permanence d'accès aux soins de santé) de l’hôpital de Briançon, par la buanderie de l’hôpital, par l’association de plaidoyer Tous migrants. C’est aussi ce qu’on appelle un tiers lieu : d’autres structures vont y résider, des structures culturelles (Les Décablés qui organise l'Altitude jazz Festival dans le Briançonnais, Fréquence Mistral), des structures de l’économie sociale et solidaire (EKO !, Low-Tech et réfugiés-Briançon…), et un magnifique projet de maison de santé pluridisciplinaire.
Une inquiétude qui s’est réalisée dans la nuit du samedi au dimanche
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Ancien refuge solidaire : 40 places autorisées. Il a toujours été débordé.
Terrasses solidaires : 81 places autorisées. Les bénévoles ont dès le début dit à la préfecture que cela ne suffisait pas et que l’État devait aussi monter une structure. Chaque jour le chiffre des arrivées est envoyé à la Sous-Préfecture.
Nuit du vendredi 22 au samedi 23 octobre : arrivée de 40 personnes, pour un total de 140 personnes toute la journée du samedi ; je l’ai constaté de mes yeux.
Nuit de samedi 23 au dimanche 24 octobre : arrivée de 60 personnes.
Dimanche 25 octobre, le Conseil d’Administration de la SCI propriétaire s’est réuni en urgence et a demandé au gestionnaire, le Refuge solidaire, de fermer le refuge ; aucune norme de sécurité n’étant plus possible, les bénévoles étant exténués, la violence due à la surpopulation augmentant.
Les bénévoles l’ont accepté le cœur serré, y voyant également la seule solution pour mettre l’État devant sa responsabilité.
Qu’aurait-il été possible de faire d’autre ?
Laisser la surpopulation, au risque d'assister à la fermeture pure et simple du Refuge par la préfecture sans voir proposée une alternative ?
Organiser de nouveaux cars vers Paris, comme cela a été fait deux fois en l’absence des trains pour Paris, mais quelle compagnie acceptera maintenant que lors du second voyage organisé, l’État a fait arrêter le chauffeur et tous les clients à leur arrivée à Paris ?
Que faut-il faire maintenant ?
Il n’y a qu’une solution à court terme, faire retomber la pression à Briançon, en accélérant le départ des réfugiés, et pour cela mobiliser la Croix Rouge et le HCR pour pratiquer des tests covid permettant de prendre les bus et les trains. Et si cela n’est pas possible rapidement, faire ouvrir un gymnase pour éviter que ces personnes migrantes dorment dehors sous la température en-dessous de 0.
Avec d’autres, je demande au ministre de l’Intérieur d’intervenir, non pour envoyer les forces de l’ordre, mais pour mobiliser la Sécurité Civile, la Croix Rouge, d’accepter que le HCR intervienne, pour mettre à l’abri, pratiquer les tests PCR.
Avec d’autres, je demande aux représentants de l’État de regarder la réalité en face : ce n'est pas en rendant difficile l'accueil des réfugiés à Briançon que les problèmes immédiats et structurels seront résolus. Je demande en outre aux représentants de l'État d'engager un dialogue sérieux avec les associations ; elles ont fait preuve de sagesse, de compétences et de bienveillance.
Avec d’autres, je demande à tous de soutenir les Briançonnais qui se retrouvent seuls dans cette situation, abandonnés de l’État. Merci aux ONG, merci aux médias.
A Gap également la situation est explosive
J’ai alerté personnellement à plusieurs reprise la préfecture, après avoir visité les familles hébergées au camping Napoléon.
Certes cette solution des bungalows du camping trouvée par la préfecture, est très belle, bien mieux qu’une chambre d’hôtel une étoile. A Gap, sauf exception, le droit humain d’un toit est respecté. En revanche, ce qui est insupportable pour les réfugiés est l’attente sans perspectives.
Pour terminer, je fais mienne la conviction du Pape François dans sa lettre encyclique Fratelli Tutti §40 : L’Europe, « aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, […] a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ».
Retour en arrière
Les propos sont clairs sur le facebook de l'association "Tous migrants" : Fermeture temporaire du nouveau refuge solidaire ce soir à 17h pour cause de surpopulation ! Pour les soutenir, rdv devant la gare. Nous avons vraiment besoin de tous."
La situation est en effet très délicate pour l'encore nouveau site d'accueil des migrants de Briançon, les Terrasses solidaires route de Grenoble : 200 personnes ce samedi soir... pour 81 places. A l’origine un afflux d'exilés comme l'explique les bénévoles : "de plus en plus de familles (afghanes, iraniennes…) avec de tout jeunes enfants traversent les Alpes". Ils demandent l'ouverture d'autre lieux d'accueil. En attendant c'est à la gare de Briançon que les exhilés ont passé la nuit
L'association refuge solidaire interpelle l’État sur les réseaux sociaux:
Refuges Solidaires, accueil d’urgence d’exilés à la frontière franco-italienne à Briançon est confrontée à des arrivées très importantes . Plus de 200 personnes présentes aujourd'hui, pour une capacité maximum de 80 personnes, cette situation oblige l’association à prendre ses responsabilités.
Pour des raisons principalement de sécurité Refuges Solidaires a donc décidé d'interrompre totalement l'accueil aux Terrasses Solidaires à partir d'aujourd'hui.
Les citoyens Briançonnais, depuis 2015, « déplacent les montagnes » pour éviter des drames inhérents à la traversée périlleuse de la montagne. Particulièrement en période hivernale, l’association s’inquiète car de plus en plus de familles (afghanes, iraniennes…) avec de tout jeunes enfants traversent les Alpes.
Depuis sa création, en 2017, Refuges Solidaires interpelle l’Etat sur ses responsabilités d’assurer la mise à l’abri des personnes. La mission que l’association s’est donnée depuis cinq ans ne reprendra que lorsque les conditions de sécurité pourront être respectées aux Terrasses. Cela implique que d'autres opérateurs prennent en charge l'accueil d'urgence en complément de l'action qu'elle mène seule.
Nous vous tiendrons informés … Gardons ESPOIR pour une réouverture rapide dans des conditions dignes
La réaction du maire de Briançon
« Je ne peux que condamner fermement cette situation. D’une part parce que les associations ont elles-
mêmes acquis ce bâtiment et sont donc les seules et uniques responsables du site. Mettre tout le monde
dans la rue quelques semaines après l’ouverture en expliquant que c’est désormais à l’État ou à la
Ville de gérer la situation me semble donc parfaitement irresponsable. D’autre part parce que je ne
peux accepter l’occupation de la Gare pour entamer ce qui s’apparente à un bras de fer avec les
autorités publiques et que je ne saurais accepter une telle situation dans notre Ville. Je sollicite donc
une réponse républicaine claire et ferme de la part de l’État et des moyens supplémentaires pour faire
face au pic migratoire traversé actuellement, et suis, depuis hier soir, en contact permanent avec le
Ministre de l’Intérieur et son Cabinet pour gérer cette situation. »
Le communiqué de la préfecture
Depuis la décision prise dimanche par les propriétaires du bâtiment Les Terrasses à Briançon et l’association gestionnaire Les Terrasses Solidaires, non conventionnée avec l’État, de fermer l’accueil au sein de la structure, la gare de Briançon est occupée par 150 à 200 personnes. La Préfète des Hautes-
Alpes a mobilisé les moyens nécessaires pour maintenir l’ordre public et aucun trouble n’a eu lieu.
Dans le même temps, des solutions sont étudiées pour le transport des personnes présentant les conditions pour cela, tout comme pour la prise en compte des personnes en situation de vulnérabilité.
Ces personnes étant majoritairement en situation irrégulière au regard du droit au séjour, celles souhaitant demander l’asile doivent le faire dans le premier pays d’entrée en Europe, l’Italie en l’occurrence. Le rôle du représentant de l’État dans les Hautes-Alpes, comme dans tous les
départements frontaliers, est de s'assurer que les personnes qui franchissent la frontière en ont le droit.
Des moyens sont mis en œuvre à la frontière pour assurer ces contrôles.
L’État rappelle qu’en matière d’hébergement d’urgence, les moyens de l’État ont été considérablement accrus ces dernières années : le dispositif spécialisé pour les demandeurs d'asile compte 239 places pérennes (CADA : 124 places à Gap et 60 places à Briançon ; HUDA : 55 places à Gap) et le dispositif
d’hébergement d’urgence de droit commun est constitué de 129 places pérennes (contre 64 places seulement en 2017) auxquelles s'ajoutent un certain nombre de places exceptionnelles pour les personnes en grande fragilité. Ces places sont mobilisables via le Service intégré de l'accueil et de
l'orientation (SIAO, autrement dit le 115) et le transport peut-être assuré par la Croix-Rouge en tant que
de besoin.
Pour autant, l'hébergement d’urgence inconditionnel ne signifie pas illimité. Les dispositifs HUDA et CADA sont destinés aux personnes demandeurs d’asile, et toutes les autres personnes vulnérables peuvent prétendre au dispositif d’hébergement d’urgence de droit commun, dans la limite des places
disponibles.