
Sommes-nous bien, sommes nous encore dans les Alpes ? C’est la question que l’on peut légitimement se poser lorsque lorsque l’on voit le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s'accaparer le territoire Alpin en annonçant la candidature de sa région pour les Jeux Olympiques de 2030.
Cette candidature est en effet présenté comme "celle des Savoies et des Alpes" comme si les Alpes du Sud n'existaient pas puisqu’il est indiqué qu’il s’agit "d’une candidature du massif des Alpes françaises des Savoies jusqu’au Vercors".....
Alors même que toute la communication s’est renfoncée ces dernières années sur le concept des Alpes du Sud; voilà donc, non sans condescendance, la région Auvergne Rhône-Alpes et les Savoies, qui sans complexe font une OPA générale sur le mot Alpes considérant que c’est forcément chez eux!
Voilà qui devrait susciter beaucoup de réaction de la part des décideurs de nos territoires c’est-à-dire des Hautes-Alpes,des Alpes de Haute-Provence et des Alpes-Maritimes mais à ce stade c’est... silence radio. Peut-être se disent t'ils qu'on récupérera misérablement des entraînements...Quelle ambition !
Si on peut toujours avoir espoir d’une prise de conscience dans les jours qui viennent; voilà en tout cas, une énième fois, un train que nous sommes en train de manquer: celui d’une candidature Olympique.
Alors tout de suite on entend déjà ceux qui vont dire "mais nous n’avons pas les capacités d’accueil et les infrastructures etc.."! Pourtant les choses sont simples et le raisonnement est en fait à l'inverse de cette question : C’est pour avoir des infrastructures qu’il faut obtenir l’organisation des Jeux Olympiques en évitant de construire de l'inutile quitte à s'appuyer sur Marseille voire Nice, si le CIO le souhaite; car c'est lui qui décide.
En effet qui peut croire, un seul instant, qu’il se passera quelque chose de déterminant dans nos territoires en terme de mobilité, en terme d’équipements sportifs ou en terme de capacité d’accueil, si nous n’avons pas un tel catalyseur de fonds publics.
Car au bout du compte qui est mieux placé que nous pour faire, enfin, ces Jeux d'une nouvelle génération c’est-à-dire des Jeux Olympiques réellement à la montagne avec une empreinte écologique négative et avec surtout un héritage post-JO rejoignant toutes les aspirations et les impératifs de l’avenir de nos sociétés en lien avec le réchauffement climatique.
Il en va ainsi de la nécessaire évolution des stations de basse altitude;
Il en va ainsi de la mobilité pour enfin permettre l’accès à nos territoires d’exception autrement qu’en voiture polluante c’est-à-dire en particulier par une véritable desserte ferroviaire;
Il en va ainsi du patrimoine avec l'opportunité unique de rénover, enfin et entre autre, les fameux forts Vauban classés au patrimoine mondial de l’Unesco;
Il en va ainsi de la nécessaire coopération Européenne avec pourquoi pas dans ce projet des épreuves en Italie pour par exemple le saut où le bob puisque les équipements existent déjà juste de l’autre côté de la frontière de Montgenèvre; là où, à côté de chez nous, on a su faire les J.O. de 2006.
Les Alpes du Sud sont idéalement placées pour assurer un retour aux sources de l’Olympisme dans beaucoup de ses valeurs et en particulier la la dimension sportive puisque c’est bien dans le Briançonnais que le ski a pris en premier son essor et que beaucoup des doyennes des stations ont été crées.
Il y a 15 ans beaucoup de spécialistes des grands événements et de l’Olympisme avaient considérés que les Alpes du Sud ( Gap puis Pelvoux) avaient eu raison trop tôt pour les J.O. de 2018 à une époque où Annecy, Nice et Grenoble avaient été aussi candidates.
C'est à présent le moment.
Le temps semble venu pour l’Olympisme de renouer avec la simplicité, l’humilité en organisant des Jeux Olympiques d’hiver économes, à échelle humaine sans grandes infrastructures, dans l'esprit de Lillehammer 1994, quitte à limiter la jauge de spectateurs et en mettant le sport à la 1ère place.
Il en va aussi d’un nécessaire et juste équilibre entre les régions : pourquoi diable la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui réalise dans la seule commune de Belleville autant de chiffre d'affaire que toutes les stations des Alpes du Sud réunies, serait-t-elle la seule à avoir la légitimité de s’engager sur la voie Olympique ?
Cette candidature, qui même en cas d’échec assurerait une promotion légitime de nos territoires, peut-être aussi celle de l’ensemble de la région Sud /Provence-Alpes-Côte d’Azur en imaginant des cérémonies à Marseille ou Nice qui pourraient aussi accueillir certaines des épreuves notamment celles relatives à la glace pour éviter des investissements utiles.
Toujours est-il que le train est parti et que la question qui se pose est celle de savoir si on monte à bord ou pas. Par leur effet d’annonce, les Alpes du Nord n’ont pas forcément pris de l’avance. On peut même considérer qu’elles ont été maladroites en parlant d’une candidature pour 2030, 6 ans seulement après les Jeux Olympiques de Paris, ce qui paraît pour le moins peu réaliste, le tout sans mettre en avant le monde sportif et sans même informer le Comité National Olympique et Sportif au préalable!
L’échéance, même si elle parait lointaine se situerait plutôt en 2034 voir en 2038 en imaginant une alternance logique des continents après Pékin 2022 et Milan 2026 (encore des Jeux un peu contre-nature...) mais c'est demain que cela se décide d'autant que le CIO a pris l'habitude de discuter avec les candidats et qu'il peut décider de plusieurs Olympiades rapidement et peut-être dés 2023: Barcelone et les Pyrénées (Espagne) y travaillent déjà, tout comme Lviv (Ukraine) Salt lake City (Etats-Unis) et Oufa (Russie), Vancouver (canada), Sapporo (japon) et donc les Alpes du Nord à présent . Et nous on regarde ou plutôt on feint de ne pas voir...
Et pourtant quel autre territoire peut proposer ses Jeux d’une nouvelle génération qui s’accorderait si bien avec les impératifs de notre société et la vision que notre jeunesse a de l'avenir ?
Viser haut, voilà une ambition plus que légitime puisque tout simplement naturelle.
Encore faut-il que les femmes et les hommes, des élus aux simples citoyens, prennent leur destin en main en travaillant des aujourd’hui sur un projet afin que ce soient les Alpes du Sud et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur qui adressent au monde entier en 2034 ou 2038 ce magnifique est nécessaire message: Celui d'un monde meilleur.
Jean-Marc Passeron
Lundi 1er novembre 2021
Carte : Pelvoux 2018 , la Candidature Nature