Covid : une surmortalité de 22% en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et de 31% dans les Hautes-Alpes

On l'apprend par l' Insee Provence-Alpes-Côte d'Azur

Après un premier pic au printemps 2020, la mortalité a fortement augmenté en octobre en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce surcroît de décès, lié à la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, s’est prolongé jusqu’à mai 2021.

Sur l’ensemble de cette période allant d’octobre à mai, l’excédent des décès par rapport à 2018-2019 est plus prononcé dans la région qu’au niveau national (+ 22 % contre + 14 %). La surmortalité se concentre sur les personnes de 65 ans ou plus, et particulièrement sur celles de 75 à 84 ans.

D’octobre 2020 à mai 2021, une nouvelle période de forte mortalité en Provence-Alpes- Côte d’Azur

Depuis mars 2020, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a un impact sur le nombre total des décès (toutes causes confondues) observé à l’état civil. Coïncidant avec la première vague épidémique, la mortalité a nettement augmenté en mars-avril 2020 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, de façon moins prononcée toutefois qu’au niveau national. Suite à la nouvelle dégradation de la situation sanitaire à la fin de l’été 2020, une seconde
période de forte mortalité s’est ouverte en octobre pour ne s’achever qu’à la fin du printemps 2021.


Une forte hausse à l’automne, la décrue lente à se confirmer

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le nombre de décès a bondi en octobre (figure 1), atteignant un niveau bien supérieur à celui des années précédentes (+ 31 % sur le mois d’octobre par rapport à 2018 ou 2019). Après un reflux en décembre, le nombre de décès est reparti à la hausse en janvier. Et malgré une nouvelle décrue amorcée dès février, la surmortalité par rapport à 2019 ne s’est résorbée que lentement : + 21 % en avril. Le
nombre de décès n’a rejoint un niveau proche de celui de 2019 que vers la fin du mois de mai.
Cette séquence d’événements est la même qu’au niveau national, mais dans la région, la hausse a été nettement plus vive en octobre, novembre et janvier que lors de la première vague, au printemps 2020. Tout au long de la période allant d’octobre 2020 à mai 2021, le surcroît de décès par rapport à 2019 est bien plus prononcé en Provence-Alpes-Côte d’Azur qu’au niveau national.

 

Sur la période octobre-mai, une surmortalité de 22 %


Au total, entre octobre 2020 et mai 2021, 42 880 personnes résidant en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont décédées, toutes causes confondues. Cela correspond à 7 690 décès supplémentaires par rapport à la même période en 2018-2019, soit un excédent de décès de 22 %.
Au niveau national, l’excédent est de moindre ampleur (+ 14 %). Provence-Alpes-Côte d’Azur est la deuxième région la plus touchée de France métropolitaine, après Auvergne-Rhône-Alpes (+ 24 %) (figure 2).
L’augmentation du nombre de décès résulte de divers facteurs. Une partie correspond aux effets de la crise sanitaire : directs, pour les victimes du Covid-19, mais aussi indirects, à la baisse comme ceux liés à la réduction de la circulation routière, ou à la hausse comme ceux liés à la mise sous tension du système de soins. Une autrepartie de l’excédent de mortalité toutes causes confondues est attribuable au vieillissement de la population
régionale (encadré).
Chaque mois entre octobre 2020 et mai 2021, le nombre de décès a dépassé en Provence-Alpes-Côte d’Azur son plus haut niveau historique, à période de l’année équivalente. Entre le 15 octobre et le 7 mars, la mortalité estquasi continuellement à la hauteur d’un mois de janvier. Le seuil des 160 décès quotidiens a été franchi à 141 reprises et on dénombre 41 jours à plus de 200 décès, soit quatre fois plus qu’à l’hiver 2016-2017, le plus
meurtrier jusqu’alors.


Une surmortalité plus marquée chez les 75-84 ans

Entre le 1 er octobre 2020 et le 31 mai 2021, la surmortalité se concentre sur les personnes âgées de 65 ans ou plus (figure 3). Pour les personnes de moins de 50 ans, le nombre de décès est inférieur à celui constaté sur la même période en 2018-2019 : - 11 % pour les moins de 25 ans, mais aussi - 5 % pour les 25-49 ans. Entre 50 et64 ans, l’excédent sur le nombre des décès reste modéré (+ 4 %).
Aux âges plus élevés, l’excédent des décès est plus prononcé. La surmortalité la plus marquée concerne les 75-84 ans (+ 32 % par rapport à 2018-2019). Elle dépasse nettement celle observée pour les 85 ans ou plus (+ 23 %). Lors de la première période de surmortalité, en mars-avril 2020, l’écart entre ces deux catégories d’âge était beaucoup plus réduit. Par ailleurs, les personnes âgées de 65 à 74 ans, pourtant relativement épargnées
lors de la première vague, subissent un surcroît de décès comparable à celui des personnes de 85 ans ou plus
(+ 22 %).
Tous âges confondus, l’excédent des décès sur la période octobre 2020-mai 2021 est un peu plus forte pour les hommes (+ 24 %) que pour les femmes (+ 20 %), comme en mars-avril 2020.Ensemble

Tous les départements de la région fortement concernés


Dans tous les départements de la région, l’excédent de décès de la période octobre 2020-mai 2021 dépasse la moyenne nationale. Les Hautes-Alpes, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes sont les plus touchés. Par ailleurs, dans quatre départements (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence), le pic des décès est atteint en fin d’année 2020, comme aux niveaux régional et national. Les Alpes-Maritimes et le Var se distinguent par un pic plus tardif en 2021. Enfin, les Bouches-du-Rhône sont le seul département de la région pour lequel le nombre de décès en mars-avril 2021 est inférieur à celui de mars-avril 2020.
Sur l’ensemble de l’année 2020, 55 623 personnes résidant en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont décédées, soit 4 121 de plus qu’en 2019 (+ 8 %). Cette mortalité inédite dans la région intervient dans un contexte de hausse tendancielle du nombre de décès au cours des années récentes. Conséquence de l’augmentation et du vieillissement de la population, le nombre de décès s’est en effet accru en moyenne de 2 % par an
depuis 2011 .
Quel aurait été le nombre de décès en 2020 sans l’épidémie de Covid-19 ? Un tel calcul nécessite de faire des hypothèses sur ce qui aurait dû se passer en 2020. On peut supposer que la mortalité aurait évolué en suivant la tendance de la période récente. Plus précisément, à l’image du calcul réalisé par l’Insee pour l’ensemble de la France, on fait ici l’hypothèse que les quotients de mortalité par sexe et âge  auraient légèrement diminué, dans le prolongement des gains d’espérance de vie observés en moyenne sur la période 2010-2019 dans la région.
Sous cette hypothèse, en 2020, 52 440 décès auraient dû avoir lieu parmi les résidents de Provence-Alpes- Côte d’Azur, soit 960 de plus qu’en 2019. Ce nombre est la résultante de trois effets : l’accroissement de la population entre 2019 et 2020 (1 240 décès « attendus » de plus qu’en 2019), le fait que l’année 2020 soit une année bissextile (+ 160 décès), enfin la baisse des quotients de mortalité entre 2019 et 2020 (440 décès
« attendus » de moins qu’en 2019).
En réalité, 55 623 décès ont eu lieu en 2020, soit 3 160 de plus que ce qui était attendu. Sous ces hypothèses, on peut donc considérer que les trois quarts de la hausse de décès survenue entre 2019 et 2020 sont imputables aux événements « inattendus » ayant influencé la mortalité cette année.

 


Publication rédigée par : Jérôme Domens, Julien Mêlé (Insee)

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