Publié par Jean Eymar le jeu, 26/05/2022 - 08:15
L’Agence de Développement des Hautes-Alpes et le collectif Mobil’Hautes-Alpes ont conduit une enquête sur les déplacements et la mobilité des haut-alpins. Objectif : mieux connaître les habitudes, les contraintes et les souhaits des populations afin d’éclairer la décision publique, de répondre collectivement aux enjeux (sociaux, économiques et environnementaux) et ainsi d’améliorer le quotidien de chacun.
Cette enquête a été diligentée avant la poussée inflationniste de 2022, ce qui laisse présager une sensibilité plus forte encore aux problématiques liées au pouvoir d’achat.
Les haut-alpins satisfaits de leurs conditions de déplacements, même s’ils jugent que celles-ci se sont dégradées depuis dix ans
65% des haut-alpins sont satisfaits des conditions dans lesquelles ils se déplacent au quotidien, avec des situations assez homogènes selon le lieu d’habitation (valeur haute = 71% dans le Sisteronais-Buëch), ou le type de public (actifs/inactifs, jeunes/seniors, homme/femme, etc.).
Pour autant, 38% d’entre eux considèrent que les conditions de déplacement se sont dégradées depuis dix ans.
Les haut-alpins grands utilisateurs de la voiture, faute d’alternative
Sans surprise, les haut-alpins utilisent très majoritairement la voiture pour leurs déplacements (90%).
Seulement 9% prennent les transports en commun pour les trajets domicile-travail, 29% avouent toutefois que cela serait possible s’ils le souhaitaient vraiment ou s’ils étaient mieux informés. Pour 63%, c’est tout simplement impossible car le service n’existe pas. 72% habitent à moins de 20 km de leur lieu de travail et 72% des actifs utilisent un seul moyen de transport pour s’y rendre.
La pertinence des mobilités douces dans les Hautes-Alpes
À 94%, les haut-alpins considèrent que le développement des mobilités douces a du sens (93% pour le train, 90% pour le vélo, 80% pour le car, 77% pour le covoiturage, 64% pour l’autopartage).
Les principaux freins à lever sont l’inadaptation des équipements ou des services. Pour les transports en commun, ils citent à 44% la fréquence, 22% les horaires, 21% les dessertes. Le prix (6%), la ponctualité, l’insécurité et l’inconfort (<3%) ne semblent pas inquiéter les potentiels usagers. Pour le vélo, les principaux freins soulevés sont le manque d'infrastructures adaptées (43%), le climat et le dénivelé (30%).
Des haut-alpins prêts à changer leurs habitudes
Parmi les pistes d’amélioration suggérées, le train pendulaire entre Briançon, Veynes et Sisteron est plébiscité (93%). Quant au co-voiturage et à l’auto-partage, ils pourraient convaincre plus d’un haut-alpin sur deux, si les services étaient plus accessibles et mieux organisés.
Enfin, si beaucoup soulignent le peu d’initiatives des employeurs en la matière (80% n’encouragent pas l’accès aux mobilités douces), l’écrasante majorité a conscience que le changement est l’affaire de tous, celle des collectivités locales (96%), de l’État (93%), des entreprises (84%), comme la leur (90%).
Ici comme ailleurs, le temps du changement semble venu. Reste à savoir si les politiques publiques volontaristes menées à tous les échelons territoriaux et la bonne volonté des citoyens conduiront à des changements radicaux et rapides, dans un territoire où le relief, le climat, l’urbanisation et la démographie peuvent compliquer le changement.
Méthodologie : Enquête réalisée par l'Agence de Développement des Hautes-Alpes (ADDET 05) et Mobil’Hautes-Alpes* auprès d'un échantillon représentatif de la population des Hautes-Alpes de 1 000 personnes, de novembre 2021 à janvier 2022. Les questionnaires ont été administrés par Internet.
*Mobil'Hautes-Alpes
Depuis décembre 2020, le collectif Mobil’Hautes-Alpes se nourrit des rencontres avec les acteurs et habitants du territoire pour penser et promouvoir un projet permettant de réduire l’usage de la voiture individuelle dans le département.