Disparition du petit Emile: L’enquête du journal Le Parisien qui interroge

Photo de l' incendie de mars 2019 ci-dessous 

Un précédent qui interroge.. Un incendie criminel avait  brûlé l'une des maisons des grands-parents maternels du petit Emile en 2019, rapporte le journal Le Parisien... Alors que le garçon de 2 ans est toujours porté disparu depuis le 8 juillet dans le Haut-Vernet....

Quatre ans auparavant, l'incident s'était déclaré à 12 kilomètres de la commune, au lieu-dit du Boullard... Les coupables n'ont jamais été retrouvés... Une source judiciaire évoque "une piste qui existe, ni exclue, ni privilégiée" à ce Stade.

 

L'article de Eve Chancel du Parisien à lire ICI

 

L'article de l'époque ICi

 

 

INFO LE PARISIEN. Quatre maisons ont brûlé dans un hameau à une dizaine de kilomètres du Haut-Vernet, où le petit Émile a disparu. L’une d’elles appartenait à la famille maternelle de l’enfant. a été endommagée. Une piste « ni privilégiée ni exclue » par les enquêteurs.

Dans le hameau du Boullard (Alpes-de-Haute-Provence), on ne voit qu’elle. Cette grosse bâtisse, recouverte d’une bâche verte qui bat au gré du vent. Le plastique claque contre les vieilles pierres à moitié calcinées, entourées de panneaux « chantier interdit au public ». Un gros tronc d’arbre noirci par les cendres bloque l’accès à ce qu’il reste de l’entrée de la maison familiale. On a du mal à penser qu’il y a encore quelques années, avant de venir s’installer au Haut-Vernet situé à 12 km, là où Émile a disparu le samedi 8 juillet, la famille du garçonnet passait ici les vacances d’été.

Il y a quatre ans, dans la nuit du 22 au 23 mars 2019, cette maison appartenant à la famille maternelle du petit garçon a pris feu. De même que les deux demeures mitoyennes, ainsi que celle d’en face, juste de l’autre côté d’un chemin caillouteux menant au bas du hameau. Au total, trois des six résidences secondaires formant ce lieu-dit situé à 1 200 m d’altitude ont été détruites par les flammes. Celle de la famille maternelle d’Emile a été touchée. Deux de 80 m2 et une de 120 m2, relate France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur à l’époque des faits. L’incendie criminel, qui n’a fait aucune victime et n’a jamais été élucidé, a été découvert par les pompiers locaux à 1 heure du matin, après qu’un habitant du village d’en face a donné l’alerte.

Le lendemain, les enquêteurs ont retrouvé « plusieurs systèmes de mise à feu » au milieu des ruines. L’origine volontaire de l’incident ne fait aucun doute, du côté des autorités comme des habitants du Boullard. Mais qui ? Quatre ans après, le mystère plane toujours. Le hameau, depuis l’incendie, a été progressivement déserté. Certains parlent du Boullard comme d’un village fantôme. La porte de la petite chapelle rose surplombant les maisons est le plus souvent fermée à double tour.

« Ça se tire dans les pattes »

À part quelques randonneurs, personne ne tombe sur ce charmant hameau situé au bout d’une longue route non goudronnée, uniquement accessible en 4 x 4. En ce mois chaud de juillet 2023, seules deux maisons sont occupées par des habitants discrets, vivant à l’écart des conflits qui agitent les lieux. Là-haut, les rumeurs courent. Pour certains, c’est « tous contre tous », « ça se tire dans les pattes ». Pourtant, à l’époque, c’était « leur rêve » de vivre ensemble dans ce hameau.

En 1967, une bande de jeunes achète la quasi-totalité du village. Quatre amis, qui trouvent ici avec femme et enfants leur petit coin de paradis. Parmi eux : l’arrière-grand-père maternel d’Émile. Ils étudient la médecine à Marseille et font régulièrement deux heures de route pour venir passer week-ends et vacances dans ce havre de paix. Les quelques ruines, achetées une bouchée de pain, deviennent rapidement leurs toutes neuves résidences secondaires. Ils retapent eux-mêmes leurs nouveaux chez eux, fondent ensemble une société civile immobilière (SCI). Ils plantent même, sur leur terrain, le drapeau du royaume de la Patagonie.

Fondée au XIXe siècle en Amérique du Sud par un Français allié des Indiens mapuches, cette principauté mythique a été remise sur le devant de la scène dans les années 1970 par l’écrivain Jean Raspail. Dans l’un de ses ouvrages, « le camp des saints », ce dernier se faisait le chantre de la race blanche, et des menaces que faisaient peser sur elle les autres races, celles des « rats ». Il décrivait dans ces mêmes pages la submersion de l’Occident par une vague d’immigration massive. Raspail comptait parmi les fondateurs du Parti des Forces nouvelles, scission du Front national alors naissant, que les membres des Forces nouvelles jugeaient trop timoré. Depuis, le Royaume de Patagonie a prospéré, avec à sa tête « souverains » et « conseillers ». Début 2023, plusieurs médias se sont fait l’écho des violentes querelles intestines qui ont agité ce royaume fantoche et imaginaire, parlant même d’un véritable « coup d’État. »

« C’est une piste qui existe »

La petite communauté du Boullard a toujours affiché les couleurs de son idéologie. Alors pour certains de ses membres, l’incendie de 2019 aurait des racines « politiques. » « Nous n’étions pas très à gauche, euphémise l’un de ces fondateurs. Peut-être que ça a pu déplaire. » Une hypothèse que tous les habitants du secteur ne partagent pas. « Ce qu’on s’est laissé dire, c’est que ce groupe initial a volé en éclat, pose une habitante de la région. Certains d’entre eux ne peuvent plus se voir. » C’est ce qui aurait justifié la création en 2012 d’une deuxième SCI, cette fois-ci en comité plus restreint, exclusivement dédiée à la rénovation de la chapelle.

La famille d’Émile est toujours membre de cette SCI. Au Boullard comme au Haut-Vernet, cet acte criminel toujours non résolu qui l’avait touchée il y a quatre ans, interpelle aujourd’hui, alors que la disparition de l’enfant reste une énigme totale. « C’est une piste qui existe, confirme une source judiciaire. Elle n’est ni privilégiée ni exclue par les enquêteurs à ce stade. Mais forcément, le fait que cette famille semble avoir été visée par des incendies criminels oblige à s’y intéresser. » Un ancien proche de la famille d’Émile est beaucoup plus catégorique : « Je ne peux m’empêcher de voir un lien entre ces incendies de 2019 et ce terrible drame qui les touche aujourd’hui. » Aucun habitant du Boullard n’aurait encore été entendu par les enquêteurs dans le cadre des investigations menées depuis la disparition du peit Emile.

Dans la foulée de l’incendie, un mot écrit par la plume d’un voisin, avait circulé. Il disait tout des étés radieux qui se sont déroulés là, et comment ils sont partis en fumée. « C’est un village où cinq familles nombreuses ont connu beaucoup de bonheur, pouvait-on lire. Heureusement, il nous reste des souvenirs, et ça, personne ne peut nous les enlever. C’est triste de voir que l’on peut s’attaquer à l’âme du hameau. »

À ce jour, une seule des trois maisons incendiées a été reconstruite. La pierre neuve contraste avec la bâtisse d’en face, qui porte les stigmates du sinistre. De part et d’autre du sentier pierreux, tous les volets restent fermés. L’ambiance au Boullard est encore loin d’être apaisée. Dernier motif de crispation en date : une caméra placée au sommet de la petite chapelle, installée pour soi-disant contrôler l’avancée des travaux et qui prenait également en photo la voie publique et d’autres maisons. Deux ans durant, selon divers témoignages, à raison d’une image par minute, elle aurait capturé la quiétude de l’endroit. Il y a un peu plus d’un mois, elle aurait été retirée.



 

Le souvenir de l’incendie de Boullard prés du Vernet